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Le tatouage, cet art polynésien
Un phénomène en pleine expansion
10% en 2008, 18% en 2019, 20% en 2023…
En France, au moins 1 personne sur 5 serait désormais tatouée. En Belgique, plus de 500 000 personnes se feraient tatouer chaque année, et plus de 30% des moins de 35 ans arboreraient un dessin sur la peau.
Cette tendance offre un métier à près de 15 000 tatoueurs professionnels en France et 2 000 en Belgique.
Une pratique autrefois perçue comme une mode, notamment dans les années 1990-2000, est devenue un véritable fait de société, analysé par de nombreux spécialistes.
Personal branding : s’affirmer par le tatouage
Se distinguer, se singulariser, sublimer son corps, raconter une histoire personnelle, se libérer d’un passé… Autant de raisons invoquées par les sociologues pour expliquer la popularité du tatouage.
Le phénomène traduit à la fois l’individualisation de nos sociétés – « je suis moi, donc différent de toi » – et un besoin de réappropriation de son propre corps, considéré comme le dernier espace inaliénable.
On parle même aujourd’hui de personal branding, une forme de marketing cutané qui exprimerait une identité, un vécu, voire une philosophie personnelle.
Instinct grégaire et conformisme moderne
Paradoxalement, la vague du tatouage en Occident s’accompagne aussi d’un certain conformisme. Il suffit de regarder un match de football, de rugby ou de basket : de nombreux joueurs portent des motifs similaires, tout comme diverses icônes artistiques.
Par instinct grégaire, certains se tatouent pour ressembler à leurs modèles, quitte à devenir des « clones tristes » de leurs idoles.
Une expression artistique profonde
Si le tatouage révèle une part de l’identité individuelle et collective, ses origines européennes ne datent pas d’hier. C’est en Polynésie que l’on retrouve certaines des plus anciennes traces de cette pratique, intimement liées aux mythologies locales.
Fonctionnant comme un langage symbolique, les motifs rappelaient la mer, la terre, la fertilité, la santé, la sagesse, la longévité ou la paix. Les animaux marins – requins, tortues, raies, dauphins – représentaient le caractère et le rang de celui qui les portait, tout en constituant une œuvre artistique.
« Tatau » : le mot tahitien à l’origine du tatouage
Le mot tatouage vient du tahitien « tatau », signifiant marquer, dessiner, frapper, blesser.
Autrefois, les motifs étaient réalisés avec des aiguilles en os ou en bois, et les encres provenaient de plantes. Certains tatouages débutaient à l’adolescence pour n’être achevés qu’à l’âge adulte, au prix d’une douleur extrême…
En 1769, lorsque le capitaine James Cook accoste à Tahiti, lui et son équipage sont fascinés par les habitants, presque entièrement tatoués.
Des traces encore plus anciennes
Le tatouage polynésien n’est pas le plus ancien connu.
En 1991, le corps d’Ötzi, une momie vieille de 5 000 ans, est découvert dans les Dolomites : il portait plus de 60 tatouages.
Des momies égyptiennes en possédaient également.
Plus tard, en Europe, le tatouage revêt une connotation négative :
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dans la Rome antique, on tatouait les esclaves,
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au Moyen Âge, les condamnés arboraient une fleur de lys,
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et plus récemment, marins, galériens, mendiants ou voleurs en étaient stigmatisés.
Marins, taulards et rebelles : le tatouage marginalisé
Avant la grande vague des années 1990-2000, le tatouage restait associé aux milieux populaires.
Après Cook, il se répand en Angleterre mais devient signe de rébellion ou d’appartenance : marins, bagnards, « taulards », loubards ou blousons noirs en font leur marque identitaire.
Encore aujourd’hui, certains gangs sud-américains ou centraméricains recouvrent entièrement leur corps pour marquer leur affiliation.
Le retour du caractère sacré
Dans les années 80, le tatouage réapparaît aux États-Unis, porté par des célébrités, puis gagne l’Europe anglophone, notamment la Grande-Bretagne.
Aujourd’hui, en Polynésie, il conserve son caractère sacré, son rôle identitaire et son statut d’art respecté, présent dans l’ensemble du Pacifique :
Tahiti, Bora Bora, Moorea, Fidji, Hawaï, Samoa, Nouvelle-Zélande…
Dernière mise à jour : 28/11/2025
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